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Ni patrie ni frontières
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Faillite électorale des politiques identitaires. Les minorités ethniques votent généralement selon leur classe sociale
Article mis en ligne le 15 février 2021

Ces quelques paragraphes forment la conclusion d’un article de Franco Palumberi « Les élections aux Etats-Unis. La tactique de Biden dans la ceinture industrielle » paru dans le mensuel italien Lotta comunista (n° 604, décembre 2020), et dont l’équivalent français s’appelle L’Internationaliste. Même si je ne suis pas d’accord avec la ligne politique marxiste et léniniste de cette organisation, ses réflexions sont souvent utiles et sortent des lieux communs et des discours automatiques gauchistes et identitaires. (Y.C., Ni patrie ni frontières)

« Lors des dernières élections, les médias américains libéraux et le Parti démocrate ont été surpris par l’augmentation inattendue de l’influence électorale des républicains parmi les minorités ethniques.

Pour le marxisme qui s’appuie sur les classes sociales, ce n’est pas une surprise. Aux Etats-Unis, selon l’US Census Bureau, il existe environ 27 millions d’entreprises, majoritairement petites, qui ont peu ou pas de salariés. 30% ont un propriétaire d’origine hispanique, africaine, asiatique ou appartenant d’autres groupes ethniques : ce pourcentage atteint 45% en Floride [21,9 millions d’habitants et 926 000 entreprises dont les patrons sont issus des minorités, NdT] et 47% au Texas [29,4 millions d’habitants et 1 070 392 détenues par des entrepreneurs issus des minorités, NdT]. La solidarité de classe du small business dépasse la solidarité ethnique : les petits entrepreneurs, noirs, asiatiques, hispaniques ont vu à la télévision les commerces incendiés au cours des émeutes urbaines qui ont suivi les manifestations de Black Lives Latter ; il est normal qu’ils se soient senti attirés par les sirènes en faveur de « la loi et l’ordre » de Trump et des républicains, plutôt que par les promesses des démocrates de combattre les inégalités raciales .

Les sondages à la sortie des urnes effectués par CNN, même s’ils sont imprécis, indiquent un trend ; et cette tendance s’est vue confirmée par les données réelles recueillies dans les comtés et les districts électoraux.
Dans la circonscription de Miami-Dade [2,7 millions d’habitants, NdT] en Floride, Trump a obtenu 46,1% des voix contre 33,8% en 2016 ; les Blancs n’y représentent que 15% des électeurs contre les Hispaniques qui constituent 65% des votants. Dans le comté d’Hidalgo [868 707 habitants, NdT], au Texas, où Trump a commencé à construire le mur à la frontière avec le Mexique, les Blancs représentent 7% des habitants, et les Hispaniques 91 % : Trump est passé de 28 à 41% des votes. A la Chambre des représentants, les républicains ont arraché aux démocrates le 21e district [729 460 habitants, NdT] de la Californie où la population hispanique représente 71% des votants.

Nous vivons sous un régime capitaliste et la société est déterminée par les rapports de propriété qui conditionnent les idéologies. La peur du coronavirus a fait osciller une partie des Blancs vers les démocrates ; mais la peur de subir des pertes économiques a fait osciller en sens inverse une partie des minorités. Les sondages n’avaient pas prévu cet événement qui a surpris les démocrates et les médias libéraux, mais c’est un phénomène que nous analysons depuis des années.
FRANCO PALUMBERI, Lotta Comunista »

1. Liberal en anglais est l’équivalent politique de « démocrates bourgeois » ou « républicains » en français, donc cela va grosso modo de la gauche sociale-démocrate au centre (Note du traducteur).

Pour plus d’informations

Site de Lotta Comunista en italien
http://www.edizionilottacomunista.com/

Site français des Editions Science marxiste :
http://www.sciencemarxiste.com/
et du mensuel L’Internationaliste